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Andres Zafra

« Mas que una esperenza ! »

Février 2019. Au moment où nous raccrochons nos téléphones avec Andres Zafra, son compteur ovale mentionne 16 titularisations, 559 minutes de jeu en Top 14 et Challenge Cup. Et 1 essai. Cet essai, c’était contre Castres et il a marqué les esprits car il donne la victoire à Agen, son club contre le champion de France en titre. Mais ces chiffres, cette performance importent peu. Le chemin aura été si beau pour Andres pour arriver jusque-là. Un chemin qui d’emblée croise celui de Rugby French Flair …

« Le rugby et cette rencontre avec Cédric, Francis et Jean-Baptiste alors en repérage en Colombie pour une future mission de Rugby French Flair, c’est un copain du lycée qui m’y a mené. Et encore il a dû insister pour que j’aille à cet entraînement qui a finalement changé le cours de ma vie ! » avance le gaillard. Parce que oui, précisons-le d’emblée, son mètre 97 et ses 116 kg ne sont pas les seules qualités d’Andrés. Pas les plus importantes même à en croire Francis Ntamack «Tout de suite j’ai dit à Cédric non seulement que ce jeune avait du potentiel athlétique mais surtout qu’il pigeait très vite ».

Et c’est bien ce qui est frappant quand vous croisez Andrés : une forme de maturité qui dénote avec son âge et ses à peine 22 printemps. Dès qu’on l’interroge sur son parcours, il est d’une lucidité et d’un regard d’une grande clairvoyance : « Ce fut une énorme opportunité. Je considère Rugby French Flair et les hommes que j’ai croisés un peu comme ma famille. Ils ont été dès le départ, sur la dimension humaine, d’une grande générosité. Cédric Desbrosse qui m’a entraîné avec Olivier Nauroy mais aussi les dirigeants de Givors d’ailleurs, mon premier port d’attache en France » souligne le Colombien.

C’est donc à Givors que se déroule sa rencontre avec le rugby de France sur la saison 2015-2016. Le voisin lyonnais et les émissaires du LOU trouvent eux aussi des qualités à ce jeune espoir au potentiel avéré. Il intègre le club et est prêté à Agen sur la saison 2018-2019. Son contrat avec le SUA court encore et Andres a déjà sa petite idée sur la suite de son aventure : « Je veux honorer mon engagement avec Agen et je pense retourner sur Lyon en suivant » dit-il en ajoutant très posément « si ma carrière se poursuivait en France, ça me conviendrait très bien … ».

Et le garçon n’a pas fini de nous surprendre. A l’heure où l’absence de double projet dans le cursus des jeunes rugbymen professionnels français en devenir sonne comme un échec, l’exemple nous est « dicté » paradoxalement d’un pays où Rugby French Flair est allé apporter un peu de sens éducatif par le rugby et ses valeurs : « J’ai un DUT de Génie Industriel Maintenance et je pense passer une licence d’anglais » précise Andres quand on lui parle d’avenir.

Ainsi, il serait réducteur de ne résumer Andrés Zafra qu’aux seuls contours ovales de sa vie. Et ce, même si ceux-ci lui ont permis de traverser l’océan Atlantique pour une aventure riche, agissant pour lui comme un révélateur. L’homme, posé et réfléchi, plus encore que le joueur vaillant et engagé, regarde loin, voit juste et ne perd pas le sens des libertés : « Retourner en Colombie ? Oui pourquoi pas. Je dois peut-être rejoindre l’équipe nationale de rugby. Mais pourquoi ne pas y revenir surtout plus tard pour aider lors d’une mission de Rugby French Flair ? Aider les gens qui n’ont pas les moyens ou la chance d’avancer normalement dans la vie comme le fait Rugby French Flair et partager des valeurs humaines à travers notre sport, ce n’est pas rien ! ». La Colombie est connue, positivement, pour sa production de café, de fleurs, d’émeraudes et de charbon. Et d’Andrés Zafra !

L’Andrés Zafra, ancien jeune espoir des « Carboneros », l’équipe de Cucuta, n’en a surement pas fini de charbonner sur les terrains de France avec la tête basse sur chaque ruck. Cette même tête, si bien faite, pourrait à nouveau être un exemple à suivre bien au-delà des frontières et des océans …

Par Michel Tortelli – Mars 2019