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Yann DELAIGUE

« LE Rugby French Flair ! »

« Cela plusieurs années que je fais partie de cette association dont je suis devenu le vice-président depuis peu. Le concept est génial. Elle permet aux joueurs d’aller aider des gamins défavorisés, de se sentir utiles. Ce qui est génial, lorsque nous sommes auprès d’eux, c’est le contact du terrain, le plaisir que l’on peut lire dans leurs yeux. Nous sommes certes d’anciens joueurs qu’ils ne connaissent pas forcément et nous n’allons pas dans des pays où le rugby est un sport aussi populaire que dans les grandes nations rugbystiques, mais ces gamins sentent que nous faisons une démarche vers eux et ils en sont reconnaissants. De plus, cela fait plaisir, de se retrouver entre nous, de boire un verre car le côté festif de ces voyages compte également. Découvrir un nouveau pays, aller à la rencontre des enfants et leur apporter non seulement des équipements mais notre présence et enfin nous retrouver entre nous, le concept est génial, je le répète. »

Yann Delaigue : des couleurs pour la vie

La carrière de Yann Delaigue restera marquée, au niveau des clubs, par la fidélité à certaines couleurs : le rouge et le noir à Toulon et Toulouse, le bleu et blanc à Vienne et Castres. Histoire sans doute de ne pas perdre le fil de la passion. Manière également d’affirmer une certaine fidélité à des idées. Celles du beau jeu. Et ce n’est pas faire injure à Castres et à Vienne que de dire que le rouge et le noir ont certainement dominé sa vie rugbystique, hors équipe de France bien entendu. De Toulon à Toulouse, la filiation était donc évidente pour lui puisque, comme il le précise : « Les couleurs de la ville de Toulon sont le jaune et le bleu et si le RCT joue en rouge et noir, ce fut un choix lié aux couleurs du Stade Toulousain qui a servi en quelque sorte de parrain, à l’époque. » Mais si Yann a choisi de quitter la rade en 1997, c’est surtout pour une raison essentielle. « Le rugby venait de passer pro depuis peu de temps et Toulon n’avait pas su prendre le virage du professionnalisme alors que Toulouse avait déjà anticipé cette évolution depuis des années. C’est dommage car depuis le début des années 1990, le RCT pouvait compter sur une génération de joueurs de talent, les Dominici, Comba, Moni, Merceron, Deylaud. Les dirigeants ont alors préféré faire confiance à des joueurs italiens, se privant par là-même de jeunes à fort potentiel.)»

Les années Rouge et Noir

Entre Toulouse et Toulon, son cœur balance encore. « Toulon, sa passion, son histoire, sa culture. Mais lorsque je suis revenu au RCT, pour ma dernière saison, ce fut très difficile. Il est vrai que je n’ai pas effectué une très bonne saison. Les gens pensaient que nous allions dominer le ProD2, ce qui n’a pas été le cas. Et j’ai été très critiqué par le public, au-delà presque de l’acceptable, il faut bien le dire. Je n’en veux pas pour autant aux gens ; ce sont les aléas de la vie d’un sportif et je sais que Toulon peut avoir un public formidable, à condition que l’équipe gagne… Un public en tout cas excessif. Et j’ai tout de même passé des années formidables dans ce club. »

Et Toulouse alors ? Un fait restera à jamais gravé dans l’esprit de Yann : « Le dernier match que j’ai disputé au Stade Toulousain face à Brive. Il y eut une communion extraordinaire avec le public et tous les gens du club, ce jour-là. J’étais très, très, très ému. Ils m’ont fait une grande fête. Tous m’ont rendu l’affection que j’éprouve pour ce club. Aujourd’hui encore, lorsque je débarque à Toulouse, je reçois les mêmes marques d’affection et d’estime. Et pour moi, le secret du Stade Toulousain, ce n’est pas la technique ou le jeu, mais les relations humaines qui existent. Au-delà du professionnalisme de ce club, c’est l’affectif qui est important. »

La lettre d’André Boniface

L’affectif, vous l’aurez compris, compte pour beaucoup dans la vie de Yann. « C’est surtout l’amitié qui est importante pour moi, pas le palmarès. Je me suis fait des amis un peu partout et c’est là ma principale. » L’amitié, mais également une certaine conception du jeu héritée de la famille. De son père Gilles, bien évidemment, mais également de son grand-père maternel, Paul Grenouillet, ancien ouvreur du CS Vienne. « Ils ont été importants car ils m’ont donné le goût du rugby. M’ont fait aimer un certain rugby. Je me suis identifié à mon père, j’ai essayé de reproduire sa gestuelle à tel point que certains joueurs qui avaient joué contre lui et que j’ai rencontrés à mon tour m’ont confié la ressemblance existant dans notre jeu. » Et une pointe de regret se glisse certainement dans sa voix lorsqu’il confie qu’il a failli jouer aux côtés de son père. « Il a terminé sa carrière au Creusot à 37 ou 38 ans alors que j’ai débuté la mienne à 17/18 ans. A deux ans près, nous aurions pu évoluer ensemble… Et nous avons joué avec et contre certains mêmes joueurs… » Un père, Gilles, qui fut certes de bon conseil mais qui n’a jamais épargné son fils. « Ses critiques furent parfois féroces, il ne me pardonnait rien. Mais je dois dire que c’était toujours pour mon bien, que cela tombait juste. »

Si le « petit Mozart » fut son surnom, il le doit à cette idée du rugby qu’il a toujours voulu défendre sur le pré. Contre vents et marées. Et il ne regrette rien. « Après ma première sélection contre l’Ecosse – où j’ai évolué au centre à côté du monstre de ce jeu qu’est Philippe Sella – j’ai reçu une lettre d’André Boniface. Une lettre que j’ai conservée. Il me disait que j’appartenais à une race de joueurs, à un style de jeu bien particuliers et que ma carrière allait s’avérer compliquée car cette famille de joueurs et de jeu faisait un peu peur… Cette lettre m’a fait d’autant plus plaisir que j’avais été élevé dans l’admiration des Boniface, de Nadal. » Avec 20 sélections sur une période de 11 années, il est sûr que cette carrière fut compliquée et Yann en sourit encore. Mais il aura tout de même traversé une période charnière du rugby français et évolué avec trois générations d’attaquants. « J’ai eu la chance de connaître à mes débuts les Sella, Saint-André, Sadourny, Lacroix. De poursuivre avec la génération de Richard Dourthe, et de terminer avec celle de Michalak. » De quoi remplir un beau livre de souvenirs qui vaut bien des victoires.